"J'ai pris, du permier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s'attacher, mais qu'il ne saurait être question de se soumettre. J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer."
Dimanche 30 mai 2010 à 23:31
"J'ai pris, du permier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s'attacher, mais qu'il ne saurait être question de se soumettre. J'ai vu ses yeux de fougère s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distinguent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terreur et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer."
Mercredi 9 décembre 2009 à 0:27
Le coeur rempli de meringues.*
J'ai les yeux verts, du moins la plupart du temps. Du courrier en retard, aussi. La dame aux ciseaux m'excusera encore, quant à ma tendre Cécile, elle sait déjà qu'il y a des piles de lettres qui ne lui seront jamais envoyées. J'aimerais traverser le couloir, et m'asseoir sur le fauteuil de cuir. Ce serait froid, et je n'aime pas cette odeur, mais ce serait chez moi. Au pied des livres qui m'ont écouté réciter du Shakespeare et d'autres phrases noyées d'inutile. Chez moi c'est loin, ce n'est pas ici. Ici il y a un dragon avec une baguette magique amovible, un tableau que nous n'accrocheront jamais, une koinobori et biensur un Yoshi dans la salle de bain. C'est presque assez pour se sentir bien. Pas trop mal.. J'ai des miettes de meringues dans le coeur, et le sucre glisse doucement entre les grains de sable. Il y a ce putin de calme après mes crises, que je chéris certes, mais la fièvre ce soir gache tout. Du moins ce qu'il reste à gacher. *
J'aimerais dormir. Encore. Mille ans, ou plus. Qu'il vende mon âme et en tire un don correct. Parler aux anges. Et lancer un défi. Encore. Pour gouter ton sang, ou au moins son poison. Je te défis à travers la brume, de revenir, planter tes horreurs. Pour voir. Par curiosité. Non désespoir.
Jeudi 5 novembre 2009 à 0:03
Au père Noël, à la Sorcière écrasée sous la maison,
Cette année, j'ai laissé passer Halloween et ses complots, avant de commencer ma lettre.
Je n'ai pas été gentille. Soyons réalistes, cela aurait été une perte de temps, et n'empêchera jamais quelques cadeaux. Je me rattrape en tirant la langue aux gamines dans la salle d'attente, et en avalant mes chewing-gum plutôt que de les coller derrières les radiateurs ( tout le monde n'a pas cette délicatesse )
Cette année, il serait bon de m'apporter :
- Une solution pour le permis,
- Une jupe de Madjeester. Et une lettre de Sandrine, qui semble t il, se trouve être dans la même sécheresse épistolaire que moi.
- Un coussin et une jolie couverture pour la salle de soin. Mon corps semblant faire pas mal de caprices ces derniers temps. ( Moi aussi, mais c'est un secret)
- Un argentique. Mais surtout un polaroïd. Par curiosité.
- De nouveaux pinceaux, et une jolie plume.
- Du foutre d'officier, si mon bocal devait me revenir vide.
- Une écharpe taille Cicie.
- Un peu d'encre.
- Un joli livre d'images.
- Un nouveau sourire à coudre contre mes joues. Et ce petit quelque chose qui ferait que.
- Un Hugonnier.
- Des poissons rouges à libérer dans les fontaines de Clermont.
- Une non-raison de tuer Christopher.
- Un petit chat, ou un très gros.
- Un monocle, ou au moins l'un des vieux verres de la boîte de réfraction (elle même très vieille) du champs visuel ..
- Une robe de chez ViviFromage.
- Un balcon.
- Et de nouveaux bas .. plein de bas ..
D'autres choses sûrement, mais elles seraient utiles, et ça me déplairait ce soir.
Oh, j'oubliais, j'ai presque changer d'habitat ( je n'ai pas fait de lettre l'an dernier .. ) pas de cheminée, mais des jours aussi grand que moi au dessous/dessus des fenêtres ..
Prenez soin de vous, mais pas trop.
Rouge.
Vendredi 30 octobre 2009 à 22:57
Emily, dans sa lutte à mort avec la mort, souvent triomphe, comme dans cette lettre où elle montre sa mère rentrant un soir à la maison avec des graminées accrochées à son châle, signes d'une défaite de la neige, et d'une poussée victorieuse du printemps. Plus d'un siècle a passé, le petit théâtre d'Amherst s'est effondré sur tous ses acteurs et, à lire la lettre d'Emily, sa mère revient, pousse la porte de papier, entre dans l'âme du lecteur avec sur son châle, les enfantines preuves de la résurection. "
La dame blanche. Christian Bobin.
Vendredi 9 octobre 2009 à 19:11
Rencontrer son créateur.
L'homme sans qui rien n'aurait été. C'est beaucoup dire, et trop peu de vrai. Pourtant ce crétin aux airs rêveurs qui attend là sur les marches, n'a pas crée le ciel qui nous abrita. Il ne fut que le souffle, le roulement du premier grain de sable, sur une autre plage, dans un autre écrin. Nous grandissons maintenant sans lui, avons oublier presque jusqu'à son nom. Rencontrer son créateur. L'homme sans qui rien n'aurait été, comme cela n'exista pas. Pas plus que les brumes grises des soirs de rire, les oiseaux aux ailes coupantes.
Laisser au bord du vide le sourire vengeur, les larmes, les cris, l'impuissance, la mort aussi. Laisser à l'inconnu de la gare, le barrage des mots et l'amertume de ce qui ne fut rien de ta vie. De la mienne. Nous n'existait pas. Mais le moi reste toi. Le pardon n'est pas divin, je choisis alors d'accepter.
Le sourire un peu triste et rejoindre sans trop de bruit les marches. Pas de contact, juste peut être une bise polie. Les coups n'auraient pas suffis, la chaleur de mes bras non plus. Créateur, mais sans créature. Sans regard non plus. Se balader aux côtés d'une ombre, sans oser se retourner. Et peut être au final, lui laisser par accident les regrets et remords qui m'empêchent encore parfois de grandir.
Ce n'est qu'un homme. Un de ceux que l'on brise. Ne crainds rien. Pas cette nuit. Pas pour lui.
Jeudi 6 août 2009 à 13:01
Je lui avais retiré ce titre, j'avais dicté sa mort. C'était novembre encore, et derrière les pages vierges des auteurs. Elle n'était que morte. Et à mes yeux cela n'était rien. Je tirai de mes lèvres l'épingle d'une fierté. Grandir. Vaciller sans tomber.
Mes yeux tissent nos mensonges. Encore. Pour la Sans-forme.
Jeudi 25 juin 2009 à 8:41
Septembre dernier je passais deux concours, et par un mystérieux retard de courrier, je me retrouve clermontoise. Me voilà donc, quelques semaines plus tard, dans un couloir, à regarder arriver les autres madames. Oui 'madames', parce qu'on est 16 filles. Parce que "vous etes que des gentilles fifilles qui veulent travailler avec les enfants" dixit, un gentil ophtalmo, et je rajouterai, "ou des ratées de médecine/kiné qui ont passé tout ce qu'elles pouvaient comme concours pour rester dans la branche". Bref en creusant bien, ma promo n'est pas essentiellement composée de ces deux types de personne, heureusement d'ailleurs. En revanche oui, je suis bien la seule à ne pas réussir à faire arreter de pleurer un chiard en agitant ma coccinelle en bois devant lui, et à ne pas m'émerveiller quand on prend ma jambe pour une peluche quand j'émerge le matin en essayant de me rappeler à quelle endroit du couloir je bosse. Moi les seuls que j'aime d'abord, c'est les gamins avec une Amblyopiie profonde, et les adoptés avec plein de problèmes mais dont on ne peut avoir les antécédents familliaux.
Bref, nous voilà catapultées au milieu du service ophtalmo. Officiellement 5 demi journées de stage par semaine pour les premières années. Deux après midi réservés au cours. En pratique de 1 à 7 demi journées, et 2x 20min de cours par semaine en général. Cours pour la pluspart donnés par des internes, qui soit ne connaissent pas grand chose de plus que nous quand il s'agit de notion de vision binoculaire, ou de strabologie, soit considèrent que les notions d'anatomie et de pathologie ne sont que pour notre culture générale et qu'il n'est pas nécessaire de trop nous les approfondire. Vu comme ça, ça à l'air plutôt tranquille, pas mal de temps libre pour nous, et comme nous faisons nous même nos emplois du temps au niveau des stages, nos week ends sont souvent de 3jours. A dire vrai, je prefererais travailler une journée de plus mais avoir de vrais cours. Mais ces gens ne sont pas vraiment là pour nous.
Et puis on se rend compte des aberrations. Nous n'apprendrons pas à pratiquer avec des personnes diplomées, mais en observant les années au dessus, qui ont elles même apprises en observant leurs ainées. Bien que dependant de la fac de medecine, nos notes ne sont pas clairement expliquées, et les coef restent encore un mystère. Cela me concerne directement, je passe sous silence le reste.
Juin arrive les partiels, épreuve de deux heures pour nous. Et là on se marre .. qu'est ce que vous voulez faire en deux heures ? Franchement. L'écrit est à valider pour passer l'oral. L'écrit de février ne compte pas. Mardi les résultats, c'est beau. On en chialerait. Pas pour soi, pour les autres. Habituellement ça ne me touche pas. Habituellement les autres réussissent. Et habituellement lors des déliberrations on délibère, on n'insulte pas les élèves dans les couloirs, on ne demande pas autre chose que l'intitulé de la question. Un peu blasée, j'avoue.
Pourtant en 8 mois ici, j'aurais appris une quantité de choses. Pas autant qu'il faudrait peut être. Mais autant que possible. La seule chose vraiment génante, c'est que l'on refuse de nous donner des barrières. A nos réponses concernant la thérapeutique on nous répond "chaque cas est différent". Je veux bien ? Mais en gros on devrait faire quoi.
De plus, c'est une formation vraiment vaste, si .. l'on s'écarte un peu de la rééducation classique. Mais ça il faut le découvrir seule. Au risque de passer à côté d'autre chose.
J'arrete ici mon long monologue. Je suis reçue à l'oral. Dans quelque heures. Et je n'ai vraiment pas envie de m'y présenter.
Samedi 6 juin 2009 à 8:49
"Pourquoi les pigeons préfèrent ils marcher plutôt que voler ? ..
Je vois pas pourquoi ce serait plus con qu'autre chose un pigeon .. "
On aurait pu croire que. Mais c'est un chagrin de gamin, et les gamins ça sait reconnaître quand on triche. Je pars un poulpy sous le bras. Au fond j'aime bien les trains.