Rencontrer son créateur.
L'homme sans qui rien n'aurait été. C'est beaucoup dire, et trop peu de vrai. Pourtant ce crétin aux airs rêveurs qui attend là sur les marches, n'a pas crée le ciel qui nous abrita. Il ne fut que le souffle, le roulement du premier grain de sable, sur une autre plage, dans un autre écrin. Nous grandissons maintenant sans lui, avons oublier presque jusqu'à son nom. Rencontrer son créateur. L'homme sans qui rien n'aurait été, comme cela n'exista pas. Pas plus que les brumes grises des soirs de rire, les oiseaux aux ailes coupantes.
Laisser au bord du vide le sourire vengeur, les larmes, les cris, l'impuissance, la mort aussi. Laisser à l'inconnu de la gare, le barrage des mots et l'amertume de ce qui ne fut rien de ta vie. De la mienne. Nous n'existait pas. Mais le moi reste toi. Le pardon n'est pas divin, je choisis alors d'accepter.
Le sourire un peu triste et rejoindre sans trop de bruit les marches. Pas de contact, juste peut être une bise polie. Les coups n'auraient pas suffis, la chaleur de mes bras non plus. Créateur, mais sans créature. Sans regard non plus. Se balader aux côtés d'une ombre, sans oser se retourner. Et peut être au final, lui laisser par accident les regrets et remords qui m'empêchent encore parfois de grandir.
Ce n'est qu'un homme. Un de ceux que l'on brise. Ne crainds rien. Pas cette nuit. Pas pour lui.