Vendredi 30 octobre 2009 à 22:57

            " Il n'y a pas plus de différence entre le ton de ces lettres et celui de ces poèmes qu'il n'y en a entre la vie et l'éternel. Dieu est le lecteur absolu. Il déchiffre sans peine les âmes et la danse araméenne des papillons sur un parchemin d'air, mais nos écritures sont pour lui toujours un peu tachées par les rousseurs de la convention - sauf les lettres d'Emily à ses cousines : il y surprend la fantaisie de ses créations comme dans un miroir de poche.

            Emily, dans sa lutte à mort avec la mort, souvent triomphe, comme dans cette lettre où elle montre sa mère rentrant un soir à la maison avec des graminées accrochées à son châle, signes d'une défaite de la neige, et d'une poussée victorieuse du printemps. Plus d'un siècle a passé, le petit théâtre d'Amherst s'est effondré sur tous ses acteurs et, à lire la lettre d'Emily, sa mère revient, pousse la porte de papier, entre dans l'âme du lecteur avec sur son châle, les enfantines preuves de la résurection. "

La dame blanche. Christian Bobin. 


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