Une table, un banc et une chaise. Trois personnes, quatre si l'on se serre un peu. Assise sur le rebord de ma fenêtre, clavier sur les genoux. C'est un peu en équilibre, loin du fauteuil éventré dans lequel j'aimais me glisser les anciens soirs. Derrière les livres, derrière le monde, un coin à peine caché, mais si petit que l'on ne peut que s'y sentir seule. Maintenant aussi c'est un peu restreint, l'écran posé sur le bord du bureau et mes fesses qui débordent un peu du rebord. C'est caché, mais au milieu des toits. Et en dessous le monde. Plus près du ciel, et mal assise, pour continuer de raccrocher les étoiles.
J'ignore si cet appartement est habité, à vrai dire je viens seulement de remarquer la fenêtre. Deux volets tout aussi bancales que les miens encadrent un store en plastique. Ils sont plus haut perchés que moi et au dessus d'eux, une amorce de cheminée.  C'est un geai qui m'a reveillée la dernière fois, ici il n'y a pas de grillages où meurent les piafs, enfin je crois.   L'écriture est un drôle de vent, elle, puisque ça ne peut être qu'une femme, chatte et hautaine, il faut la saisir, ne pas la faire attendre. Elle était là, et moi idiote j'ai preferé changer mes meubles de place. 
Nous devrins peut être peindre nos yeux de noirs. Noire. Comme la suie. Je sens mon coeur, quelque part derrière mon sein gauche. Il est comme ce dernier, trop timide pour se redresser. Ou trop resserré, recroquevillé, mijoté, torturé, ratatiné, ébranlé, soufflé comme la maison qui n'est pas tombée. Mais je le sens, il est là, remplit d'acide. Acide à minet, acide du lait. Je voudrais être une fleur, juste ce soir, les autres nous l'oublierons. Un pissenlit.